joopera9.gif (4770 octets)                       

             Die Walküre                

 cliquez sur elle

 

 

Depuis l’Or du Rhin des siècles, des millénaires se sont écoulés. Pour la première fois l’homme va apparaître dans l’action du «Ring ». De ce fait le centre de gravité de la tragédie s’est déplacé pour se fixer au coeur de notre univers. Désormais, il  y demeurera.

         Jusqu’alors la terre n’avait porté et nourri que des hommes primitifs semblables à Hunding et aux guerriers de son clan. Il fallait attendre l’arrivée d’un être d’exception qui se distinguerait d’eux et ne devrait pas tarder à entrer en conflit avec eux. Siegmund est le premier à vivre le drame qu’entraîne la prise de conscience de l’existence et cela va l'entraîner à s’insurger contre l’Ordre établi qui leur est hostile.

          Siegmund se voit dans l’obligation de conquérir ce que Wotan n’a pu réaliser en temps utile. Le bien auquel le Dieu a du renoncer sous la contrainte, le jeune héros aura pour tâche de le conquérir librement, afin de délivrer l’univers que menace le mal depuis la malédiction prononcée par Albérich. Voilà pourquoi le dieu nordique a créé à son image un être humain qui, soit homme, soit femme, est doté d’un même caractère indépendant, fatalement voué à provoquer des conflits, sous la forme masculine du défi belliqueux ou sous la forme féminine de la passion, et qui est destiné à faire face au monde qui l’entoure.

         Selon la mythologie nordique il n’existait pas d’homme avant les Wälsungen. D’après l’Edda en prose, Odin et ses deux frères trouvèrent un jour sur le rivage 2 troncs d’arbre que la mer avait rejetés. Ils s’en servirent pour sculpter les premiers hommes qu’ils nommèrent Asker (frêne) et Embla (orme). Ils leur insufflèrent l’esprit de vie ainsi que leurs sens et leur langage puis ils leur donnèrent Mitgard (la terre) pour y vivre.
    Dans l’Edda poétique, les hommes descendent d’Ymir le géant des temps originels.

Qu’ils soient de tissu ligneux ou de matière primitive parente des géants, les hommes vécurent une existence inconsciente, végétative. Ils respectaient les Dieux, les appelaient à leur aide dans leur rude lutte pour la vie. Leur âme, leur connaissance restaient soumises aux Dieux, ils étaient étrangers à leur propre conscience.

Wotan abandonna ses enfants Siegmund et Sieglinde, nés de son union avec une humaine, après leur avoir donné une éducation très rude dans la solitude des forêts. Il en a fait les antagonistes des hommes, les a livrés à la solitude et la misère.

  L’Orage par lequel débute la Walkyrie est l’expression de conflits extérieurs et intérieurs. Ce n’est pas la simple d ‘un élément naturel mais  le reflet des tourments de Siegmund.

La cabane de Hunding peut être considérée comme le refuge qu’offrait l’état premier, celui de l’inconscient. Le fugitif vient y chercher asile après les vicissitudes d’un combat qui, en fait, était une prise de conscience :

 Siegmund a perdu son bouclier et sa lance, car ses armes d’autrefois n’ont pas suffi à le défendre - Il n’a du son salut qu’à la fuite, autrement dit, il lui faut renoncer à son ancienne existence.

Un arbre traverse le refuge : ses racines plongent dans le sol, ses branches montent vers le ciel proche ainsi du frêne Yggdrasil, l’arbre de l’univers qui relie le monde d’en haut et le monde d’en bas. Il constitue le symbole de la croissance psychique et recèle le glaive -dont nous reparlerons- glaive planté là par Wotan qui lançait ainsi un défi à tous les hommes incapables de le retirer, les rendant ainsi objets de dérision. le glaive, héritage que le Dieu a voulu léguer à ses descendants, pour les protéger.  En fait, le destin qui les attend est fait de joies et de détresses extrêmes.

Sieglinde pour réconforter le fugitif lui offre de l’eau de source et de l’hydromel. Elle-même représente un élément naturel autant que spirituel propre à le ranimer. Elle est comme il le dit «chaleur et lumière ». Quant à elle, elle reconnaîtra l’ami attendu

Misswende folgt mir ( le malheur me poursuit)

 Hunding arrive. Il représente l’homme du clan primitif. Pour lui, le mariage est tout simplement une alliance que les exigences de la vie pratique rendent indispensable. Il en prend les responsabilités, les assume scrupuleusement comme tous les autres devoirs qui ont trait à ses biens, à ses hommes, à ses bêtes ou ses terres. Il demeure rivé à sa nature prosaïque:

                   « Heil ist mein Herd (mon foyer est sacré )

Il accueille donc Siegmund selon les lois de l’hospitalité. Mais il sait observer. Cette phrase nous le prouve :
« Wie gleicht er dem Weibe/Der glei
ß
ende Wurm/ glänzt auch ihm aus dem Auge ».
(Comme il ressemble à la femme, le même ver brille dans ses yeux)

         Alors il va pousser Sieglinde à interroger Siegmund. Celui-ci raconte ses souffrances dans un superbe monologue : son enfance auprès de son père « le loup » « Wolfe »; son départ à la chasse, le retour, la maison brûlée, la mère tuée, la soeur disparue. Ce désastre était l’oeuvre d’une meute de chiens envieux (Le nom de Hunding est dérivé du mot Hund, le chien; les chiens : ces hommes esclaves de la nature, des dieux, qui s’opposent au loup, homme libre, rebelle)

Friedmund darf ich nicht heißen

Siegmund va poursuivre le récit de ces épreuves, nécessaires pour qu’il devienne un homme, et, petit à petit, Sieglinde va reconnaître celui qu’elle attend dans ce proscrit errant qui éveille partout la souffrance. Mais un autre a reconnu celui qui représente pour le clan des hommes primitifs un danger. Hunding qui justement était à sa recherche pour venger un clan ami, Hunding qui va lui accorder l’hospitalité pour une nuit mais l’attendra demain pour se battre «qu’il se trouve donc une épée. »

Siegmund seul sans arme va alors évoquer l'épée que son père lui a promis. Cette épée, c'est celle que Wotan a planté au coeur du frêne lors des tristes épousailles de Sieglinde avec Hunding. Résonne alors son motif qu'on avait entendu à la fin de l'Or du Rhin

         Ein Schwert verhieß mir mein Vater

 Les forces vitales de la nature protègent cette arme dans le tronc et l’y maintiennent jusqu’au jour où viendra celui à qui elle est destinée. C’est pourquoi Siegmund pourra la retirer sans peine et cet exploit n’aura pas aux yeux de Sieglinde la valeur d’une supériorité physique mais elle l’interprètera comme une source d’assurance, de courage qui lui permettra de protéger leur double amour, leur double vie.
        Peu importe chez Siegmund ou Sieglinde lequel a le premier prononcé des mots tels que «tu es l’image même que je portais en moi ». Nous voyons fleurir un amour jeune, magnifique, à peine éclos
, un amour qui consiste à s’aimer soi-même dans la personne de l’autre 

Mein Auge sah dich schon!  (Je t’ai déjà vu ...)

       Dans un dialogue magnifique tous deux se reconnaissent, acceptent leur destin.  Emportés par l’immensité d’un sentiment qui leur semble infini, ils cherchent réciproquement un soutien auprès de l’être aimé et Sieglinde va nommer son frère Siegmund.

 

Wehwalt heißt du fürwahr ( tu te nommes "élu du malheur")

 

Dans un instant "d’angoisse extrême et de suprême ivresse" Siegmund arrache alors l’épée que lui montre Sieglinde. Pour ces deux êtres qui s’aiment, c'est une révélation. Au moment où cette épée devient le bien de Siegmund, s’effectue une évolution décisive qui mène de la loi naturelle à la loi humaine, de la foi aveugle en des puissances fatidiques au sentiment de la personnalité. Ils sont tous deux des  Wälsungen et l'épée ne doit servir qu’à défendre leur amour

  

Braut und Schwester bist du dem Bruder,

so blühe denn Wälsungen-Blut!

(Tu es soeur et fiancée pour ton frère,

que fleurisse le sang des Wälsungen ! )

 

     undercon.gif (286 octets)A suivre...

 

treble.gif (5890 octets) page précédente     jopera.gif (5950 octets) oeuvre     bouton.gif (22428 octets)   vie        bode.gif (10699 octets)articles