Die
Meistersinger Les Maîtres
Chanteurs Véritable
poème symphonique, un des chefs d'oeuvre de la polyphonie, l'ouverture est construite sur 5
thèmes principaux qui, à eux seuls résument l'action qui va suivre: PREMIER ACTE - Sur l'accord final de
l'Ouverture, le rideau se lève, découvrant la nef de l'église Sainte Catherine. David
aura donc pour mission de
préparer le chevalier pour les épreuves. David,
apprenti cordonnier
mais aussi élève de Hans Sachs, le cordonnier poète populaire, espère pour sa part subir victorieusement
les épreuves pour devenir compagnon. Avant de se retirer les apprentis entonnent la joyeuse chanson de la couronne, allusion à la belle couronne de fleurs que portera le vainqueur du tournoi. La porte de la sacristie s'ouvre, et le motif solennel de l'assemblée annonce l'arrivée des Maîtres. Entrent d'abord Veit Pogner et Sixtus Beckmesser , ridiculement prétentieux, greffier de la ville, prétendant à la main d'Eva, dont il est probablement amoureux mais qui représente surtout une dot appréciable. Il essaie de convaincre Pogner de lui accorder sa fille mais celui-ci n'a qu'une parole: elle ne sera qu'au vainqueur du Tournoi. Que Beckmesser gagne et il aura sa chance. Soucieux du bonheur de son enfant, il a qd même laissé à sa fille un droit de veto. Elle doit épouser un Maître mais peut refuser de se marier. C'est bien ce qui contrarie le greffier dont les inquiétudes augmentent lorsqu'il voit Pogner accepter la candidature du chevalier, jeune et beau, Walther von Stolzing, un rival évidemment dangereux. Les Maîtres sont peu à peu arrivés, on fait même l'appel:
Veit Pogner,orfèvre-Sixtus Beckkmesser, greffier et marqueur
- Kunst Vogelgesang,
pelletier - Ulrich Esslinger, épicier - Konrad Nachtigall, ferblantier - Balthazar Zorn,
étameur - Augustin Moser, tailleur- Hermann Ortel , savonnier - Hans Schwarz, chaussetier -
Hans Foltz , chaudronnier et Niklaus Vogel, absent, enfin Hans Sachs, cordonnier poète, aimé du peuple pour son talent et sa bonté.
Pogner rappelle la signification de la
fête qui doit célébrer l'art et montrer que les bourgeois ne sont pas incultes et
lon entend alors le Motif de la Saint-Jean Pogner rappelle aussi quel prix il offrira : son bien le plus cher, sa propre fille. La plupart approuvent mais certains critiquent et Sachs intervient : peut-être allez-vous trop loin. Une jeune fille, ce n'est pas l'art des Maîtres. Et puis laissez aussi le peuple intervenir et juger pour voir si nos règles ne deviennent pas routine. Il insiste. Seul Vogelgesang le soutient. Chez les autres c'est le tollé. Bon, dit Sachs, il me suffit que la jeune fille ait le droit de véto. Qui est donc candidat ? Sachs, veuf, refuse. Pogner présente alors le chevalier au grand dam de Beckmesser.
A la question de savoir s'il connaît l'art Walther répond en composant un chant
et en citant ses références : Beckmesser de son isoloir lance le fameux " Fanget an !" et Walther improvise un hymne au printemps et à l'amour accompagné par le thème de l'ardeur impatiente. On y retrouve la forme en bar avec des dimensions élargies. Les 2 couplets commençant par "Fanget an" reçoivent en complément une strophe opposée en contre point même après l'interruption de Beckmesser qui marque rageusement les fautes du candidat. Un instant désemparé, Walther entonne courageusement la suite tandis que Beckmesser sort de son isoloir et provoque un éclat de rire général en montrant les fautes .Pourtant 2 courants se précisent : Sachs, Pogner, Vogelgesang, séduits par le courage du chevalier, les autres de l'avis de Beckmesser. 2 Motifs s'opposent: Beckmesser ,querelleur, sec/ Sachs, bon indulgent. Walther termine dans un tumulte indescriptible au milieu des vociférations des Maîtres, des rires des apprentis, des hurlements de Beckmesser " Versungen und Vertan" - éliminé sans appel. Puis départ rapide de tout le monde, on entend le motif de l'ardeur impatiente et l'acte se termine dans le silence. ACTE 2 Le court prélude du 2ème acte développe un seul thème: celui de de la
fête patronale, la Saint Jean. Magdelene rejoint Eva, lui apprend l'échec de
Walther. Eva décide d'aller voir son vieil ami Sachs,
après le dîner, pour avoir des explications. Magdelene apprend
alors à Eva que Beckmesser viendra ce soir lui donner une
aubade, ce dont se moque bien Eva qui rentre chez elle. Sachs est sorti de son échoppe. Il n'a guère le coeur à l'ouvrage: il pense avec émotion au Chant de Walther: Que le chant de ce jeune homme était donc beau même s'il était composé contre toutes les règles habituelles ! Quelle nouveauté dans cet Hymne au Printemps ! Cette rêverie de Sachs constitue un des sommets de la partition, Lenzes Gebot .... Mais
Eva
arrive et montre toute son ingénuité en se jetant carrément à la tête de Sachs, qui lui même éprouve une grande tendresse pour elle. Elle va même jusqu'à lui proposer de
l'épouser. Elle essaie en réalité de jouer au plus fin pour savoir ce qui s'est
produit. Sachs n'est pas dupe.
Il sait très bien où Eva veut
en venir et afin d'avoir la confirmation de ses soupçons attaque violemment le chant de Walther. Et lorqu'il lui annonce avec amertume et
ironie que le chanteur ne sera jamais Maître car il aime trop sa liberté, elle
éclate, traitant même Sachs de pédant qui sent la
pois et le cuir. Sachs est fixé : il se promet de
protéger les amoureux. Walther et Eva sont évidemment obligés de se dissimuler. Eva rentre chercher ses affaires tandis que Sachs qui n'a pas perdu un mot de la conversation demeure près de la porte pour surveiller ce qui se passe. Eva ressort vêtue du manteau de Magdalena. Au moment où ils s'apprêtent à fuir, Sachs ouvre les fenêtres et ils doivent à nouveau se cacher; d'un côté, le veilleur de nuit, de l'autre on perçoit les accords d'un son de luth Beckmesser vient offrir sa sérénade. Les 2 amoureux restent cachés à l'ombre d'un buisson tandis que Sachs entonne une chanson biblique ( en jouant sur le nom d' Eva) ce qui exaspère le greffier) "O
Eva, hör mein Klageruf" (O, Eva, écoute ma plainte) Beckmesser supplie Sachs de se taire, celui-ci prétexte un retard dans la confection des chaussures, justement celles de Beckmesser et se met à chanter de plus belle cherchant à cacher son inquiétude et sa vulnérabilité derrière une grossièreté bruyante . Magdelena étant apparue à la fenêtre. Beckmesser supplie Sachs de se taire et finit par lui proposer de ne taper sur son établi que s'il relève une faute. Nous allons alors assister à une superbe caricature de la scène du marqueur du 1er acte( construction AA'B) La sérénade, elle aussi est construite sur la forme : couplet/ couplet/ envoi. Bien entendu Sachs ne se prive pas de scander la sérénade de violents coups de marteau. Survient alors David qui a reconnu Magdalena, croit à un rival et comme pour Walther l'envoi va se terminer dans un final tumultueux tandis que David qui a brisé le luth roue de coup l'infortuné marqueur:. Tous les habitants du quartier se sont
réveillés et commencent à envahir la place. Les uns prennent parti pour Beckmesser, d'autres pour
David.
La bagarre devient générale et c'est une fresque gigantesque où se mêlent dans un
charivari incroyable les cuivres, les cordes, les cris et d'où émerge sans cesse la
sérénade du pauvre Beckmesser. ACTE 3 A l'opposé de Tristan, le jour ne va plus être opposé à la nuit mais devenir créateur et ceci grâce à Hans Sachs qui va tout au long de l'acte guider les évènements dans ce sens.. Le prélude est basé sur 3 motifs dont 2 sont nouveaux: d'abord celui,
dit de la sagesse humaine, ou plutôt renoncement
de Sachs, motif que l'on entendra dans le célèbre : Wahn, überall Wahn, contrepoint du chant du cordonnier au 2ème acte lorsqu'il chantait
"O Eva, hör mein Klageruf" Puis le motif du choral de Sachs extrait du "Rossignol de Wittenburg", composé par Sachs lui-même en 1523 et qui sera chanté par le peuple lors de son arrivée à la fête Puis un rappel de la chanson biblique Le rideau se lève sur l'intérieur de la maison de
Hans Sachs. Celui-ci semble absorbé dans la lecture d'un
livre. David paraît, timide,
honteux. Il se sent un peu responsable de la bagarre de la nuit dernière et redoute la
colère du Maître. En écho on entend les thèmes de la bastonnade de la sérénade et de
David. Mais au grand étonnement de l'apprenti, Sachs parle avec douceur de la fête sui se prépare et David pour prouver son
savoir entonne le choral du Jourdain: la femme de Nürnberg qui fit baptiser son enfant au
Jourdain revient à la Pegnitz et là-bas Jean s'appelle Hans. Sachs enchaîne sur
Nuremberg, au centre de l'Allemagne, symbole de paix et pourtant la nuit dernière a
régné le désordre. Tout le monde s'est battu ; Allez savoir pourquoi ! Un rien a suffi
à déchaîner les passions : C'était le sureau, la nuit de la Saint Jean, des amoureux
qui craignaient de ne pouvoir se rencontrer. Walther apparaît alors, calme, détendu, et tout le dialogue sera baigné par le motif de l'amitié entre Sachs et le chevalier. Reposé par la nuit réparatrice il avoue avoir fait un rêve d'une merveilleuse beauté et Sachs lui conseille de prendre ce rêve pour sujet du chant de concours. Walther n'a plus d'illusions sur le monde des Maîtres. Mais Sachs lui répond que son chant du 1er acte possédait de telles élans de jeunesse qu'il a fait peur aux maîtres, car il risque d'entraîner les jeunes filles à l'aventure et que les règles ne sont pas inutiles car elles permettent de garder l'image de la jeunesse, après avoir été mises à l'épreuve. Et voilà la 3ème leçon de chant que reçoit Walther, mais cette fois-ci par Sachs. La règle, peut-être pas celle des Maîtres, devra être fixée par Walther lui même, qu'il raconte son rêve, ce peut-être un poème. Walther chante alors les parfums d'un merveilleux jardin. Une 2ème strophe est nécessaire, semblable à la 1ère pour former le couple époux/ épouse. Walther ajoute alors le portrait d'une muse idéale. Sachs , charmé par le chant lui conseille de préparer un envoi: " C'est aux enfants qu'on reconnaît un couple harmonieux." Qu'il réfléchisse bien au sens de ce rêve et qu'il conserve bien la mélodie. En attendant ils vont se préparer. Arrive alors Beckmesser qui, ne voyant personne dans l'atelier, entre et se met à fouiller; On entend tous les motifs relatifs à Beckmesser On assiste alors à un jeu sans parole mais si expressif où chaque geste de Beckmesser est accompagné de motifs qui rappellent la nuit précédente. Il boitille, se frotte le dos, trébuche; Puis il aperçoit le poème de Walther, transcrit par Sachs. Il le glisse dans sa poche au moment où Sachs arrive en habit de fëte; ce dernier demande ironiquement à Beckmesser s'il est satisfait de ses paroles; Le greffier laisse éclater sa fureur/ Sachs l'a ridiculisé aux yeux d'Eva et pourquoi , pour prendre sa place , la preuve :ce poème ! Sachs lui donne le poème et en plus jure de ne pas prétendre que le poème est de lui. Qu'il le mette en musique, il sera sûrement gagnant et il part, empli de joie. . Mais voilà Eva .
Ses chaussures la font souffrir. Elles sont trop
larges et elles serrent, c'est celle de gauche, non, celle de droite. Sachs sourit, il sait bien pourquoi elle est là, et à
l'arrivée du chevalier, reprend son travail avec une amertume qui avoue sa tendresse pour
Eva. Il demande alors à Walther de chanter pour qu'il puisse travailler et c'est la 3ème partie du chant basée
sur le motif de la passion déclarée Emue aux larmes par la beauté du chant,
Eva se
jette dans les bras de Sachs et là aussi, le passage
est révélateur de la cruauté naïve d'Eva Le chromatisme de Tristan envahit la
scène et culmine avec la citation du motif de la nostalgie de
Tristan: Mais immédiatement Sachs réagit. Il ne va pas se laisser aller aux regrets, ce qui compte, c'est le bonheur des jeunes gens. Il appelle donc David et Magdalene pour l'assister dans un baptême d'un nouveau style. Le prologue commence par le même
récitatif de style baroque avec lequel Kothner au 1er
acte avait débuté la lecture de la Tabulatur
mais à la place des fioritures parodiques de Kothner
apparaît ici le choral du baptême qui donne une solennité émouvante à la scène.
D'une claque, Sachs fait David
compagnon et témoin avec Magdalene du baptême de
l'Art nouveau. Suit alors le célèbre quintette du baptême: tous les conflits entre l'art ancien et l'art nouveau sont résolus, le rêve d'amour devient réalité. Mais il est temps de se rendre à la prairie où doit se dérouler la fête.
On entend à l'orchestre les rythmes joyeux qui annoncent les réjouissances
prochaines: Le rideau se
lève découvrant une immense prairie où serpente la Pegnitz. Commence alors le
défilé des corporations
Saint Crépin, patron des cordonniers : streck, streck, les tailleurs
racontant celui qui s'est déguisé en bouc pour faire fuir l'ennemi ( meck meck),
les boulangers qui ont sauvé le peuple de la famine : (Hungersnot !) beck
veck etc... Arrivent les apprentis et les jeunes filles de Fürth. Gare à David si
Lene arrive .
Mais voici l' Entrée des Maîtres A l'arrivée de Sachs la foule entonne un choral , choral parallèle à celui du 1er acte, choral historique écrit par Sachs. Le cordonnier , ému, souligne le sens de la Fête: la célébration de l'Art et le don d'Eva au chanteur qui remportera le prix devant le peuple et là il prend les Maîtres de court. Quel que soit le lauréat, peu importe que son art soit ancien ou nouveau, les Maîtres avec le peuple seront juges. Le 1er candidat est Beckmesser qui s'efforce de comprendre le sens de ce qu'il a dérobé. Maladroit, il n'a guère les faveurs du peuple et entonne un chant que les confusions de mots rendent ridicule. La foule entend alors un flot d'ineptie du genre " je dévorais l'arbre du foie" etc... Furieux le greffier accuse Sachs d'être l'auteur des paroles. Etonnement général ; Non Sachs n'est pas l'auteur , le chant est bien trop beau pour être de sa composition. Quoi ? beau ? s'écrie la foule. Oui s'il est chanté par celui qui l'a écrit. Que celui ci s'avance ! Et le chevalier entonne son chant Morgendlich
leuchtet..... Tous sont subjugués, Maîtres et peuple proclament Walther vainqueur mais au moment de recevoir les insignes de Maître, Walther refuse la routine, la tradition et Sachs doit intervenir: Walther doit se joindre à eux: les Maîtres ont su conserver les traditions du génie artistique allemand à travers les siècles . Le génie nouveau doit donc se joindre aux anciens maîtres de l'Art. L'oeuvre se termine sur l'apothéose du grand poète populaire Sachs.
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