Isolde.
So stürben wir
um ungetrennt ---
Tristan.
ewig einig
ohne End' ---
Isolde.
ohn' Erwachen ---
Tristan.
ohn' Erbangen ---
Beide.
namenlos
in Lieb' umfangen,
ganz uns selbst gegeben,
der Liebe nur zu leben!
Brangänes Stimme.
Habet acht!
Habet acht!
Schon weicht dem Tag die
Nacht.
Tristan.
Soll ich lauschen?
Isolde.
Laß
mich sterben!
Tristan.
Muß ich
wachen?
Isolde.
Nie erwachen!
Tristan.
Soll der Tag
noch
Tristan wecken?
Isolde.
Lass den Tag
dem Tode weichen!
Tristan.
Des Tages Dräuen
nun trotzten wir so?
Isolde.
Seinem Trug ewig zu fliehn.
Tristan.
Sein dämmernder Schein
verscheuchte uns nie?
Isolde.
Ewig währ' uns die Nacht!
Beide.
O ew'ge Nacht,
süße Nacht!
Hehr erhabne
Liebesnacht!
Wen du umfangen,
wem du gelacht,
wie wär' ohne Bangen
aus dir er je erwacht?
Nun banne das Bangen,
holder Tod,
sehnend verlangter
Liebestod!
In deinen Armen,
dir geweiht,
ur-heilig Erwarmen,
von Erwachens
Not befreit!
Tristan.
Wie sie fassen,
wie sie lassen,
diese Wonne ---
Beide.
Fern der Sonne,
fern der Tage
Trennungsklage!
Isolde.
Ohne Wähnen ---
Tristan.
sanftes Sehnen;
Isolde.
ohne Bangen ---
Tristan.
süß Verlangen.
Ohne Wehen ---
Beide.
hehr Vergehen.
Isolde.
Ohne Schmachten ---
Beide.
hold Umnachten.
Tristan.
Ohne Meiden ---
Beide.
ohne Scheiden,
traut allein,
ewig heim,
in ungemeßnen Räumen
übersel'ges Träumen.
Tristan.
Tristan du,
ich Isolde,
nicht mehr Tristan!
Isolde.
Du Isolde,
Tristan ich,
nicht mehr Isolde!.
Beide.
Ohne Nennen,
ohne Trennen,
neu' Erkennen,
neu' Entbrennen;
ewig endlos,
ein-bewußt:
heiß erglühter Brust
höchste Liebeslust!
Kurwenal.
Rette dich, Tristan |
Isolde.
Nous mourrions ainsi ,
jamais séparés. afin de ...
Tristan.
Eternellement unis,
sans fin,
Isolde.
Sans réveil,
Tristan.
Sans angoisse..
Tous deux
N'ayant plus de nom,
étreints dans l'amour,
entièrement l'un à l'autre,
vivre uniquement pour l'amour !
Brangäne
Prenez garde
Prenez garde
La nuit bientôt prend fin.
Tristan.
Dois-je écouter?
Isolde.
Laisse-moi mourir !
Tristan.
Faut-il que je veille ?.
Isolde.
Ne jamais plus s'éveiller !
Tristan.
Le jour doit-il encore
éveiller Tristan ?
Isolde.
Laisse le jour
s'effacer devant la mort
Tristan.
Défions-nous maintenant
les menaces du jour ?
Isolde.
Pour fuir à
jamais son leurre.
Tristan.
Sa lueur crépusculaire
nous a-t-elle jamais effarouchés ?
Isolde.
Que la nuit dure éternellement pour nous
Tous deux
Oh nuit éternelle,
nuit douce !
sublime et auguste
nuit d'amour !
Celui que tu as
enveloppé,
celui auquel tu as ri,
comment s'éveillant
serait-il arraché à toi sans angoisse ?
Chasse maintenant l'angoisse.
douce mort,
mort d'amour désirée
si impatiemment !
Dans tes bras,
consacré à toi,
d'une sainte ardeur originelle,
libéré de la détresse du réveil !
Tristan.
Comment saisir,
comment abandonner
cette ivresse,
Tous deux
Loin du soleil,
loin des jours
la plainte du départ
Isolde.
Sans chimères
Tristan.
Douce aspiration
Isolde.
Sans angoisse
Tristan.
Suave désir:
sans souffrances
Tous deux
Sublime anéantissement
Tristan
Sans langueur
Tous deux
Nuit douce tout autour
Tristan.
Sans fuite,
Tous deux
Sans séparation,
solitaires nous épousant,
intimes à jamais,
en des espaces démesurés
rêves de félicité
Tristan.
Tristan toi,
Yseut moi.
plus de Tristan
Isolde.
Toi Yseut,
Moi Tristan,
plus d'Yseut
Tous deux
Plus de nom,
plus de séparation,
nouvelle révélation,
nouvel embrasement,
à jamais à l'infini,
d'une seule conscience
d'un coeur brûlant d'ardeur
volupté suprême !
Kurwenal
Sauve-toi, Tristan !
|
MARKE
Tot denn alles !
Alles tot !
Mein Held, mein Tristan !
Trautester Freund !
auch heute noch
muBt du den Freund verraten?
Heut, wo er kommt
dir höchste Treu' zu bewähren?
Erwache ! Erwache!
Erwache meinem Jammer !
Du treulos, treuster Freund ! |
Tout est mort
Mort tout !
Mon héros,mon Tristan !
Ami le plus cher,
aujourd'hui encore,
tu dois trahir l'ami?
Aujourd'hui, alors qu'il vient
te prouver une fidélité suprême
Eveille toi ! Eveille toi!
Eveille toi à mes lamentations
Toi, infidèle, le plus fidèle ami
|
Mild und
leise
wie er
lächelt,
wie das Auge
hold er
öffnet ---
seht ihr's
Freunde?
Seht ihr's
nicht?
Immer
lichter
wie er
leuchtet,
stern-umstrahlet
hoch sich
hebt?
Seht ihr's
nicht?
Wie
das Herz ihm
mutig
schwillt,
voll und
hehr
im Busen ihm
quillt?
Wie den Lippen,
wonnig mild,
süßer Atem
sanft
entweht ---
Freunde!
Seht!
Fühlt
und seht ihr's nicht?
Hör ich nur
diese Weise,
die so
wunder-
voll und
leise,
Wonne
klagend,
alles
sagend,
mild
versöhnend
aus ihm
tönend,
in
mich dringet,
auf sich
schwinget,
hold
erhallend
um mich
klinget?
Heller
schallend,
mich
umwallend,
sind es
Wellen
sanfter
Lüfte?
Sind es
Wogen
wonniger
Düfte?
Wie sie
schwellen,
mich
umrauschen,
soll ich
atmen,
soll ich
lauschen?
Soll ich
schlürfen,
untertauchen?
Süß in
Düften
mich
verhauchen?
In dem
wogenden Schwall,
in dem
tönenden Schall,
in des
Welt-Atems
wehendem All
---
ertrinken,
versinken
---
unbewußt
---
höchste
Lust!
|
Doux et serein
comme il sourit,
comme il ouvre
les yeux avec grâce,
le voyez-vous amis ?
Ne le voyez-vous pas ?
Toujours plus lumineux
comme il illumine,
et s'élève
reflet des étoiles !
Ne le voyez-vous pas ?
Comme son coeur
se dilate bravement,
la plénitude jaillit en son sein !
Comme ses lèvres ,
avec une douceur délicieuse,
exhalent tendrement
un souffle suave -
Amis ! Voyez !
Ne le sentez-vous pas
et ne le voyez-vous pas ?
Suis-je seule à entendre
cette mélodie
qui avec douceur
d'une plainte si
merveilleuse et douce,
disant tout,
réconciliant,
tirant d'elle son chant,
me pénètre,
s'élève ,
retentit ,
vibre autour de moi ?
Sonores et claires,
ondulant autour de moi,
sont- ce des vagues,
de douces brises ?
Sont- ce les ondes
de délicieux effluves?
Comme ils s'enflent
et mentourent de murmures,
dois-je respirer?
dois-je prêter l'oreille ?
Dois je savourer ,
mimmerger ?
M'exhaler
en douceurs suaves?
Dans la houle des vagues,
dans le flot qui ondule,
dans les sons qui modulent,
dans la respiration de l'univers,
sous le souffle du tout
se noyer,
sombrer
inconsciente
Volupté suprême
|